Autobiographie à la fois réelle et imaginaire de Marina Abramovic. Le film compose l'esthétique de vie d'une femme dans son époque, avec une histoire personnelle fortement marquée par la Yougoslavie de Tito, la violence ordinaire, l'expérience des limites physiques et psychiques... L'évocation volontaire du passé fait surgir quelque chose de plus secret, de plus intime : un devenir inconnu qui s'incarne dans des fictions ressenties comme authentiques fragments de vérité. Balkan Baroque saute d'une identité à une autre, d'un récit véridique à une imagination, d'un rêve à un rituel...Le langage du corps prenant souvent le relais de la parole, l'interrompant ou au contraire la relançant.
"Lost Dreams" est fait de ces petits vestiges d'images, regards fugaces ou moments précis, de ces femmes du temps de leurs premières amours et de leurs rêves de jeunesse. Elles sont tissées ensemble, comme des fragments de la pensée et se font souvenir d'elles, des confins du film aux coins du cadre. Elles sont de nouveau embrassées et reçoivent, même s'il est fugitif, un hommage poétique.
Brasilia, la "ville de l'espoir", "l'ultime utopie du XXème sicle" (Umberto Eco), est à présent conservée comme un héritage culturel. La ville a le même âge que le réalisateur. Des extraits de films d'amateurs et de longs métrages tournés au début des années soixante sont insérés dans ce documentaire "touristique". La ville utopique représentée dans Vacancy est un endroit abandonné de ses habitants, un musée qui ne survit que grâce à ses seuls gardiens.
Central est filmé au petit matin dans la gare marltlme de Hong kong, au terminal du Star Ferry. Des voyageurs anonymes traversent de temps en temps le l'eau, tandis qu'une sllhouette féminine immobile, vêtue de noir, se détache du paysage. De dos, le regard tourné vers la baie. une femme attend. Sur fond de séquences poétiques se superpose en voix off un monologue en cantonnais. Telle une lettre a l'attention du frère perdu de vue, ce récit, autobiographique, évoque certes une histoire personnelle, mais plus largement La solitude, l'absence, l'enfermement, l'incompréhension entre tes êtres.
L'action proprement dite commence le jour où, en flânant dans une librairie, Patrick-Mario Bernard. découvre un recueil de photographies. Les photos montrent des modèles masculins noirs et nus. Mais toutes les photos qui montrent des sexes ont été découpées. Ces découpes, exécutées assez proprement forment de petites fenêtres carrées, qui trouent l'entrejambe des modèles.Tous les sexes ont disparu. Ce film moitié journal intime, moitié carnet de route, mélange la chronique intime de réflexions sur l'image et de brouillons du film en train de se faire.
Un moment téléphonique entre deux adolescents dans le crépuscule urbaln d'un paysage japonais, le long de la rivière Kamo à Kyoto. Lieu de rencontre et de flirt pour les adolescents, ce paysage se révèle progressivement à travers te dialogue des deux adolescents. Autour de leur présence invisible, c'est une tout autre ville qui s'installe : émotionnelle, transitoire, immature et ouverte.
Sur un mode burlesque, le réalisateur tente de dégonfler le monde (concrétisé ici par un globe terrestre), de l'aplatir, de mettre ses trois dimensions en deux. Pour cela, il lutte contre la matière et la boule, l'embrasse, se couche dessus, La tord et la piétine. Victoire illusoire ou vains efforts ?
Un hérisson dans la lumière, les ombres d'une main sur un ventre rond, un bouquet d'oeillets, le bain d'un nourrisson, les sauts dans les bras de sa mère, les premiers pas dans l'herbe, les promenades en autobus, Les arbres en fleurs, Les courses de l'enfant, le retour des saisons, les natures mortes, les sourires et les regards. Ce film est le journal filmé des trois premières années d'un enfant.
Dans le silence du monde (Kya Ka Ra Ba a en japonais) respectivement le ciel, le vent, le feu, l'eau et la terre), Naoml Kawase observe de manière impressionniste son environnement et le filme subjectivement. Revenant sur sa propre existence, elle tente de trouver une réponse aux questions qul la hantent. Elle interroge alors sa grand-mère ainsi que sa mère adoptive, cherchant à combler le vide laissé par son père absent...
"Disneyland existe, Les enfants aussi sans doute. Les enfants ne sont pas difficiles : leur rêve, c'est d'être n'importe qui, de vivre n'importe comment, d'aller n'importe où, et ils le font. C'est ça la vie des enfants : lls ne décident pas, ils ne décident rien. La vie n'est que ce qu'elle est, rien d'autre, et ils le savent. Les enfants aiment la vie, tout le monde sait ça, mais rien ne les oblige à aimer la vie qu'ils ont. » Arnaud des Pallières
"Il fait extrêmement froid. Ce sont les derniers jours du dernier hiver du XX' siècle. Je suis à Chicago pour un festival mais également pour réfléchir, savoir où j'en suis avec l'autre. Avec le monde aussi. Là-bas, tout ce qui mine notre quotidien s'exacerbe ; amourette, neige et oubli, ma lettre est la chronique de cet hiver de l'amour, le relevé instable de ce gel du réel. Bienvenue dans l'indifférence". Vincent Dieutre
Le Jour de l'An 2000 à Copacabana : une foule habillée de blanc en bordure de mer,les célèbres trottoirs, le tout vu d'en haut comme le début ou la fin d'une comédie musicale dont les paroles seraient ces témoignages anonymes, "conversations secrètes" entendues en off. Ou comment une ville s'invente paysage.
"Johan voulait faire un dernier film. Un film sur l'amour inspiré du "Cantique des Cantiques". Mals il ne put terminer qu'une petite partie. Un montage de conversations avec des amis et des collègues. Par une belle journée de janvier, il s'en est allé... Voilà ce qu'il nous a laissé dans la salle de montage".Noshka van der Lely
Le visage d'un enfant dans ta lumière, la course dans l'herbe, les colonnes d'un temple romain, les regards et Les sourires, le voyage en Italie, les fenêtres d'un train dans la montagne, les variations de la lumière, l'océan Paclfique. Ce film est le second volet d'un journal filmé commencé avec le "Calcul du sujet".