«Loin d'être un film médical, WINDOW WATER BABY MOVING est une sorte de chant - l'un des plus beaux de Brakhage -, où le ventre énorme de sa femme dans l'eau d'une baignoire, les gouttelettes perlant sur ce ventre, les reflets lumineux qui l'éclairent et sa main qui le caresse, donnent une vision fervente de la maternité. On reverra ces plans souriants dans la partie même de la naissance, que précède un long passage noir: entre les plans du visage de Jane criant de douleur ou de la main gantée de caoutchouc du médecin - accoucheur aidant la tête de l'enfant à sortir, reparaît l'image de ce ventre rayonnant, comme pour rétablir l'équilibre, estomper ce que les images d'enfantement ont d'insupportable et rappeler ce qu'elles représentent aussi d'attente et de joie.» Dominique Noguez.
THE DEAD fut tourné pendant le mois et demi où je restais éloigné de Jane et fut monté pendant la période où elle m'évitait la plus grande partie de la journée, pour ne pas reconnaître la force destructive qu'il y avait en moi. Je devais trouver, comprendre, avec The Dead, que d'une certaine manière toutes les images de mort et tous les concepts qui s'y réfèrent passent à travers la vie. Alors je compris pourquoi j'ai tourné en une seule journée, poussé par la même nécessité, au Père Lachaise et sur la Seine. Déjà je savais que, d'une certaine façon, les deux seraient réunis. Mais comment ? Ceci se clarifia au montage. (...) The Dead devint mon premier travail dans lequel les choses qui auraient pu devenir facilement des symboles étaient photographiées de manière à détruire leur potentiel symbolique. L'action de faire The Dead me tint en vie.
En réaction aux propos des intellectuels allemands et à l’atmosphère trouble des premières années de la guerre, Sacha Guitry, déjà connu comme auteur dramatique, décide d’utiliser une caméra amateur pour « graver en images », à destination des générations futures, les grandes personnalités qui contribuent au rayonnement de la France.
Dans la ville d'Accra, capitale du Gold Coast, des émigrants venus des régions pauvres du Niger se trouvent brusquement plongés dans la vie trépidante de la civilisation occidentale. Ce déracinement provoque des troubles mentaux et l'apparition de nouvelles divinités, les « Hauka », influencées directement par notre civilisation et révélant les traumatismes de la colonisation.
Présenté lors d'une manilfestatlon Dada, le 6 juillet 1923 au Théâtre Michel a Paris. Ce film est, en France, le premier à être réalisé en-dehors des voles financières normales, sans but lucratif. Contrairement à ce que son titre laisse présager," Le Retour à la raison" vise à représenter le monde d'une manière poétique, dégagée de toute logique rationnelle.
La Mer du Nord. La pluie tombe. Deux jeunes gens se réfugient sous un abri et se sourient. Le soleil revenu, le sable, l'eau, la mer vont servir leurs jeux amoureux. Il y a des plans magiques : les mains qui jouent clans le sable, les cheveux varechs, les vêtements jetés sur le sable que la mer va emporter, l'estacade transformée en grotte marine, le baiser à bicyclette, les corps qui font la roue. La mer est plus qu'un paysage, c'est une métaphore qui dit le plaisir lui-même et sert de médium à la sensualité.
Cet essai cinématographique de géographie humaine a été tourné en 1932, peu de temps après l'avènement de la République espagnole. De L'avis des géographes et des voyageurs, la contrée que vous allez visiter, appelée Las Hurdes, est une région stérile et inhospitalière, où l'homme est obligé de lutter, heure par heure pour sa subsistance. Jusqu'en 1922, année où La première route y fut tracée, Las Hurdes étaient presque inconnues du reste du monde et même des habitants de l'Espagne.
"Notes sur un fait divers" traite d'une actualité qui avait fait grand bruit à l'époque. Annarella, une petite fille du village de Prlmavalle, avait été violée et assassinée. On avait arrêté un homme qui avoua être le meurtrier, puis revint ensuite sur ses déclarations. Il accusait la police de l'avoir torturé pour lui arracher des aveux factices. Ce film fait partie du numéro 2 de "Documento Mensile", revue cinématographique produite et dirigée par Marco Ferreri et Ricardo Ghione.
Jean Cocteau passe l'été 1950 chez les Weisweiller à la villa Santo Sosplr à Salnt-Jean-Cap-Ferrat. Il commence la décoration des murs de la villa. La Villa Santo Sospir est davantage un film sur des dessins et des tableaux que sur l'acte de peindre. Cocteau ne filme L'oeuvre qu'achevée. Ce sont des fresques, des dessins, des "tatouages" sur Les murs des tapisseries reprenant pour la plupart des scènes de la mythologie grecque. Cocteau s'amuse même de cette dramaturgie de la violation de l'intimité en feignant de dévoiler malgré lui ses tableaux, comme si la caméra dans son indiscrétion, choisissait elle-même d'ouvrir les placards pour montrer les oeuvres.
À travers l'art africain et plus spécialement les statues et lesmasques, Alaln Resnais et Chris Marker filment une virulente diatribe contre les insoupçonnables méfaits du colonialisme des créations authentiques, liées à la spéciflclté de la culture panthéiste et magique de ces régions pour ta remplacer, petit à petit, par une activité artistique commerciale mercantile et de série... "Les statues meurent aussi" fut interdit par la censure de 1953 à 1963.Textes : Chris MarkerVoix : Jean Négroni
Copie restaurée en 2018 pour La Traverse. Images extraites d'un périple autour de la Méditerranée : visions furtives de jardins, de portiques, de corridas, de masques funéraires qui ont le mystère éclatant d'un lieu de béatitude éternel, opposées au visage serein d'une jeune femme sur une table d'opération.Jean-Daniel Pollet filme la Méditerranée : les temples grecs en ruine, les pyramides d’Egypte, un palais sicilien, mais aussi un bunker de la seconde guerre mondiale, une orange dans un verger, une femme qui se peigne, une autre qui boutonne sa tunique, un laminoir d’où sort un pain de métal rougeoyant et une jeune fille endormie avant une opération chirurgicale: 15 pays, 35 000 kilomètres, un film mythique aux origines de notre civilisation et du cinéma. « Que savons-nous de la Grèce aujourd’hui… Que savons-nous de nous-mêmes, hormis que nous sommes nés là il y a des milliers d’années… Que savons-nous donc de cette minute superbe où quelques hommes se sont sentis solidaires, solidaires de la lumière non pas envoyée par les dieux mais réfléchie par eux, solidaires du soleil, solidaires de la mer… De cet instant à la fois décisif et naturel, le film de Jean-Daniel Pollet nous livre sinon le trousseau complet, du moins les clés les plus importantes… Les plus fragiles aussi… Dans cette banale série d’images en 16 mm sur lesquelles souffle l’extraordinaire esprit du 70 mm, à nous maintenant de savoir trouver l’espace que seul le cinéma sait transformer en temps perdu… Ou plutôt le contraire… Car voici des plans lisses et ronds abandonnés sur l’écran comme un galet sur le rivage… Puis, comme une vague, chaque collure vient y imprimer et effacer le mot souvenir, le mot bonheur, le mot femme, le mot ciel… La mort aussi puisque Pollet, plus courageux qu’Orphée, s’est retourné plusieurs fois sur cet Angel Face dans l’hôpital de je ne sais quel Damas… » Jean-Luc Godard, Cahiers du cinéma (fév. 1967)