« Ma famille libanaise est un portrait fragmenté de ma famille et de mon entourage, au Liban, pays d’où je viens. C’est un arbre généalogique sous différentes formes. Depuis quelques années déjà, je fais de ma chronique familiale un motif à explorer. Un recueil de courts métrages qui flirtent avec le genre, qui mettent en scène un univers intime, mon monde cher et perdu. Dans la série Conversation de salon en six épisodes, je confronte ma tante Lili à ses amies à l’heure du café, comme dans un mini théâtre cacophonique. Dans Allô Chérie je prends ma mère en filature dans Beyrouth, grâce à une puce d’espionnage installée dans son téléphone. Dans Nous il n’y avait presque pas de dialogue avec mon père ; c’est un film de deuil. Dans This Smell of Sex, j’amplifie les exploits sexuels de mes amis, du scandaleux au risible. Dans Blackjack et L’Art de la cuisine, je raconte le monde de la nuit de ma cousine et celui politique de mon oncle. Et plus récemment dans Souvenirs de violence, mon film le plus risqué peut-être, je dévoile sous la forme d’un roman photo ma relation à mon frère. Je réalise ces films sans budget, avec mes propres moyens et en urgence, avant qu’il ne soit trop tard et que ce pays où je les ai laissés ne disparaisse. Je documente une expérience intime, comme disait Chantal Akerman « avec ce qu’il y a ». Surtout, j’expérimente de nouvelles formes de récits. Et j’essaie de recomposer ma famille qui s’éloigne comme un bateau à l’horizon… Avec ses failles, sa fureur et sa beauté. Et peut-être que je terminerai un autoportrait qui rejoindra cet organigramme. » Danielle Arbid