Corps étrangers I : Colonisation des imaginaires

Ouagadougou, Burkina Faso. Vincent Meesen enregistre un document brut de ses actions dans les rues de la capitale africaine, jouant de la candeur de la caméra amateur. Habillé et masqué d'un costume de coton touffu, il se déplace lentement au milieu de la foule. Les réactions ne se font pas attendre : l'homme blanc comme une étrange apparition primitive rencontre l'indifférence, la moquerie et l'étonnement. Son usage de « l'or blanc du Burkina » comme un vêtement, transforme l'espace public en un champ magnétique, chargé d'une poésie basée sur des significations à la fois symbolique, poétique et économique.

Prenant place dans une salle de classe au Sénégal, Làkkat explore le langage en tant que système de catégorisation et le représente comme une série de vocables étranges aux yeux de deux garçons qui tentent de répéter des mots en wolof à leur professeur. Les élèves sont distraits par le nuage de phalènes et de papillons attirés par un néon, une métaphore de l'abondance de termes wolofs servant à décrire la lumière et l'obscurité dans ce contexte postcolonial.

Un homme dessine sur les murs de sa ville, Dakar. Il s'appelle Maïsama et raconte des histoires, des histoires étranges. Isabelle Thomas nous emmène à la rencontre d'une vision habitée qui traverse la langue française. Elle nous restitue une langue possédée et un monde d'images magiques et troublantes.

Deux familles slovènes typiques coulent des jours heureux dans des Alpes idylliques jusqu'à ce qu'un voisin achète une nouvelle voiture. Janez Burger propose une exploration caustique des clichés d'un petit pays alpin. En proposant à des acteurs africains et afro-américains d'interpréter ce film, il fabrique le moment d'une étrange collision entre les stéréotypes. Un film déjà primé dans de nombreux festivals.