Tout le montage du film s'ajuste, et s'accentue parfois, sur les innovations de George Balanchine données par lui au ballet classique : vitesse et flexibilité des jambes, lignes de corps étirées au ralenti, glissements continuels des pas. Balanchine invente la danse classique sobre. L'émotion est discrète, rapide, se répartit par des touches innombrables.
Ce film montre la danse là où on ne l'attend pas : le moment de la répétition dans le studio peut provoquer une sensation d'aridité, de monotonie, mais le montage alterné, entre la loge où l'on voit Martha Graham se maquiller pour *Night Journey *et des séquences de danse dans le studio de la compagnie, créé une atmosphère artistique qui se rapproche des carnets de dessins de Leonard de Vinci. C'est un film sur le rayonnement sobre, le rayonnement qui naît de la transparence et qui diffuse une tension, une visibilité progressive.