Shuji Terayama est né le 10 décembre 1935, à Hirosaki, au Japon. Considéré comme l’un des artistes les plus prolifiques et activistes du Japon, Shuji Terayama est reconnu pour son travail de dramaturge, d’écrivain, de réalisateur, de vidéaste, de chroniqueur sportif, et de photographe. Il a publié plus de deux cents livres, et réalisé environ vingt films (des courts et longs-métrages). Lycéen, il fonde plusieurs revues littéraires dans lesquelles il publie ses premiers poèmes ; des haïku et des tanka. Ses dispositions littéraires lui valent une reconnaissance précoce, et il remporte en 1954 le prix « Poésie nouvelle » du magazine Tanka Kenkyu (un prix Terayama Shûji a ensuite été institué en 1996, pour récompenser les tanka). Cette même année 1954, il intègre la prestigieuse université de Waseda. Très vite – et à cause de problèmes de santé, il déserte les bancs de la Faculté. C’est à cette époque qu’il découvre la littérature européenne, notamment Antonin Artaud, et Les Chants de Maldoror de Lautréamont ; influences littéraires importantes pour son travail. Cinq années plus tard, Shuji Terayama quitte sa région natale pour rejoindre Tokyo, où il mène une vie de bohème dans le quartier interlope de Shinjuku. Il travaille dans des bars et dans des maisons de jeu, ce qui lui laisse du temps libre à consacrer à la pratique de la poésie. Shuji Terayama puise dans la ville l’inspiration dont il a besoin pour écrire. Il y fait la connaissance de nombreuses personnes, et est aussitôt intégré au microcosme artistique tokyoïte (il rencontre notamment les maîtres du buto, mais aussi la productrice de cinéma Eiko Kujo). Dès lors, il commence à rédiger des commentaires sportifs sur la boxe et sur les courses de chevaux, puis publie une première pièce de théâtre intitulée Le sang dort debout (1960). Il écrit des pièces radiophoniques et débute une carrière cinématographique en réalisant un court-métrage expérimental L'étude des chats (1960). C’est également à cette époque qu’il collabore en tant que scénariste avec le réalisateur Masahiro Shinoda. Travail qui sera récompensé à deux reprises ; en 1964 et en 1965. Cette même année, il signe son premier roman, œuvre traduite et publiée en français sous le titre Devant mes yeux le désert...[1] En 1967, Shuji Terayama, sa femme Eiko Kujo, le peintre et designer Tadanori Yokoo, le réalisateur Kaizo Hayashi, le dramaturge Yutaka Higashi et quelques autres artistes, forment le Tenjo Sajiki ; une troupe de théâtre dont le nom est inspiré du titre du film Les Enfants du Paradis, de Marcel Carné (1945). Jusqu’en 1983, la troupe se produit régulièrement en Europe et aux États-Unis. Mais les années 1970 marquent également un tournant dans sa production cinématographique, il réalise une vingtaine de films presque tous reconnus et primés dans les festivals de cinéma d'art et essai. Son premier long-métrage Jetons les livres, sortons dans la rue (1971) obtient le grand prix de la Mostra Internazionale del filme d'Autore à San Remo en 1972. Son second long-métrage, Cache-cache pastoral (1974) est en compétition officielle à Cannes en 1975. En 1976 il est membre du jury au Festival international du film de Berlin. Entre 1982 et 1983, il entretient une correspondance vidéographique avec Shuntaro Tanikawa (Video letters). Shuji Terayama meurt le 4 mai 1983 à l'âge de 47 ans. Lou Svahn