Dès les années 70, le Maroc a connu, grâce à cinq musiciens, Nass El Ghiwane, formés à l'école de la rue et décidés à rompre avec les "langueurs orientales" envahissantes, une explosion musicale qui devrait être pour les jeunes le cri de leurs désirs, de leurs frustrations et de leur révolte. Dans Transes [ou Al Hal,] Ahmed El Maanouni trace l'itinéraire géographique et culturel de ce groupe : Nass El Ghiwane, privé en 1974 d'un de ses membres marquants, Boujemaa, mort à 28 ans. À travers leurs chansons, le film aborde les thèmes sociaux traditionnels (le thé ou l'échange, le feu ou la souffrance, l'eau ou la sécheresse des cœurs) mais aussi les grandes questions contemporaines (le temps, l'histoire, le rire, l'espoir). La transe, expression populaire rituelle et sacrée chez les Gnaouas d'Essaouira, se transforme en un délire laïc et moderne comme on le verra dans les concerts publics filmés à Carthage, Agadir et Paris.