« C'est à la fin de l'année 2004 que j'appris par les journaux qu'une vague de suicides collectifs, avec l'aide d'internet, désolait le Japon.En dépit de l'aspect culturel nippon spécifique vis-à-vis de la mort volontaire, j'eus envie de relier ces suicides d'adolescents à ceux qui touchaient tous les pays, et notamment la France, où croissait aussi le nombre d'ados et même d'enfants suicidaires.Je demandai alors à mes jeunes amis vidéastes de Tokyo de m'adresser des images concernant ces suicides collectifs, images que je me proposai de mettre dans mon film sur ce sujet, associées à d'autres images reliées dans mon esprit au massacre éternel de la jeunesse, ce cancer de l'Histoire que j'avais toujours dénoncé et auquel nous avions proposé d'inédites solutions.Bien entendu, il me fallait apporter à cette nouvelle oeuvre toute l'audace formelle dont j'étais capable, par respect pour l'audace vitale de mes jeunes camarades ici et là suicidés.Si le terme de mécanique, de résilience, qui signifie résistance d'un métal aux chocs, m'est venu comme titre de l'oeuvre immédiatement à l'esprit, c'est parce que je voulais appeler tous les enfants et les adolescents tentés par le suicide à résister aux chaos du monde infernal dans lequel ils se trouvent, afin d'édifier peut-être une meilleure humanité, où l'idée destructrice de soi deviendrait même ridicule. » Maurice Lemaître