Quoi de commun entre le premier film colorisé de Méliès, l'incendie du Grand Bazar de la Charité et la première de Cyrano de Bergerac ? Qui a vraiment écrit la pièce d'Edmond Rostand ? Et qu'est-ce que tout cela a à voir avec la mort d'Ildebrando Biribo anarchiste italien et souffleur, retrouvé mort dans sa boîte au soir de la première représentation, le 28 décembre 1897 ? L'intrigue est labyrinthique, ou plutôt, souterraine. On emprunte ainsi galeries, caves, égouts et passages secrets, qui rappellent la cachette du souffleur autant que les méandres d'une affaire qui n'a rien à envier aux meilleurs feuilletons du XIXe, Les Mystères de Paris en tête. Pour nous guider, un souffleur, justement, l'homme du dessous qui dicte à celui du dessus " Ici Edmond Rostand en panne d'inspiration et tourmenté par Sarah Bernhardt, incarnée par Clotilde Hesme. Sauf que ce souffleur-ci, à la fois personnage du film et étrange conférencier qui recrée pour nous l'affaire, est loin de se cacher. Au contraire, il s'incruste, littéralement, dans le film, anticipant l'action, s'adressant directement à nous, aux personnages devenus acteurs, tout en livrant le récit des événements qui conduiront à sa mort, jamais élucidée. Inexpliquée, donc, cette affaire ? Peut-être pas. Car la mort du souffleur, c'est peut-être le début de la modernité. Classée alors ? Non plus, car Isabelle Prim prouve avec ce film que le souffle n'a pas disparu." (Céline Guenot)