DURAS #5

Sur une musique d'Amy Flamer et des travellings qui parcourent le Jardin des Tuileries où étaient alors exposées les statues de Maillol, Marguerite Duras évoque la destruction de la ville antique de Césarée, ses ruines, et l'histoire de Bérénice, reine des Juifs.

La caméra, embarquée à l'avant d'une voiture, parcourt les rues de Paris à l'aube, pendant les quelques minutes où la nuit s'estompe pour laisser place au jour. Sur le violon d'Amy Flamer toujours, Marguerite Duras imagine l'homme, parmi les premiers, venu peindre le contour de ses mains, posées grandes ouvertes sur la pierre, ces « mains négatives » trouvées dans les grottes magdaléniennes de l'Europe Sub-Atlantique.

Le premier des deux Aurelia Steiner traverse Paris, comme Les Mains négatives. La caméra, sur une péniche, ne suit plus les rues mais le fleuve, au rythme tout aussi hypnotique de travellings coulants, réguliers. Marguerite Duras lit la lettre d'amour d'une femme, Aurelia Steiner, à un inconnu.

Aux travellings en couleur le long du fleuve succèdent maintenant les plans fixes et panoramiques, en noir et blanc, sur les rochers, le rivage, la mer, le ciel. Marguerite Duras lit une autre lettre d'amour d'Aurelia Steiner à ses parents, à sa mère, morte en couches dans un camp de concentration, sous les yeux du père agonisant, pendu au bout d'une corde.