Maroc, février 2011. Une nuit de fièvre, une enfant perçoit la présence d'un fantôme, une femme venue de la mer. C'est une exilée politique, de retour dans son pays natal après une longue absence. Dans le noir et les délires de la fièvre, récit muet, voix sans corps et visions s'entremêlent. L'enfant d'aujourd'hui et le fantôme de la femme se confondent, en un voyage dans l'espace et le temps qui va mener l'exilée politique à une étrange bâtisse, à sa mémoire perdue. Le récit de la décolonisation et de luttes oubliées ressurgissent ; avant que de nouvelles luttes, celles du "printemps arabe" au Maroc, submergent le passé.
Limenland évolue dans l'univers de Inland Empire, à huis clos dans un espace fabriqué de toutes pièces avec quelques images arrêtées du film de David Lynch, articulées entre elles en surimpression au montage. Il s'agit de penser le film comme un lieu et d'explorer la question du seuil. Expérience sensible, faite de métamorphoses et de permutations, de respirations proches et de pas qui habitent les lieux comme des hôtes ou des intrus, Limenland est une traversée intérieure et atemporelle en perpétuelle transition, un espace non plus linéaire mais vertical qui ne peut être enfermé dans un temps donné, mais qui se déplace et déplace les limites, joue avec elles et se joue d'elles. À chacun d'accepter de s'abandonner dans le labyrinthe, de s'y perdre.
Un guitariste et un batteur jouent un morceau de rock instrumental. Le public se meut au rythme de la musique. Parmi la foule, une femme, singulière. La musique s'arrête après une longue montée en puissance. La femme, tombée au sol, seule, lutte contre l'inertie de son corps. La vie revient dans son corps éteint. Les musiciens reprennent possession de leurs instruments. Ils entament une seconde montée en puissance. Un paroxysme sonore, corporel et visuel. La lutte de cette femme et des musiciens pour le faire s'éterniser.
<i>The Corridors</i>, un film d'Aurélie Dubois artiste de garde accompagné du texte "L'Irréparable de la Vie" de Daniel Androvski, Psychanalyste et Ecrivain. Le film décrit la quête d'un personnage dont l'apparence captive la conscience et interroge notre perception du genre. La détermination sexuelle y est montrée comme une énigme irrésolue souvent prétexte à des attitudes discriminatoires; Il y a dans ce personnage de la femme, de l'homme, de l'arbre, de la pierre, de l'utérus... Du mutant. Cette traversée des couloirs de l'expérience intérieure expose la démonstration d'une inévitable dualité entre l'être et le corps.