Qui va là ?... Trouver un nouvel ordre avec des sons et des images. Penser par le cinéma ce qui a lieu. Faire des actualités cinématographiques. Présent. Contemporain. Présent comme : « Il y a ». Il y a des singularités. Il y a de l’inédit. Dire ce « Il y a » par des films d’actualité. Sans généralité, sans analyse, sans définition, sans continuité logique, sans chronologie, sans la télévision. Quand on ne connaît pas, comment faire pour connaître ? Fixer quelques points sur lesquels dire quelque chose. Trouver un dispositif simple, propre au cinéma. Tourner, monter, tâtonner, voir où ça résiste. Présenter. Pas seulement des réponses : présenter les questions. Le positif et le négatif. Ce qui a lieu n’est pas tout ce qui arrive. Ce qui a lieu, ce qui est véritablement nouveau, est une rupture avec ce qu’il y avait avant. Dire ce qui a lieu. Faire des actualités où il y a des trous. L’actualité des ruptures. L’actualité des failles. Ce qui a lieu – par exemple dans la politique, la théorie, la musique, la poésie –, c’est ce qu’on ne peut comparer avec rien. C’est ce qui ne (se) reproduit pas. Peut-on penser, faire des images et des sons de ce qui n’a lieu qu’une fois ? Restituer sans reproduire ? On peut commencer par dire : « Qui va là ? ». Dire ensuite : « C’est quoi ? ». Après commence le travail. Faire des actualités cinématographiques c’est partir de ça, c’est se donner comme principe le présent et répondre « Présent ». Répondre par des formes cinématographiques. Décider par des films. Enregistrer des images et des sons, les questionner, les opposer, les mettre en rapport. Jamais pour vérifier des hypothèses, toujours pour chercher. Partir des images et des sons parce que dans le champ du cinéma il n’y a que ça. On ne pense qu’à ça, on ne pense qu’avec ça. Actualités comme actes cinématographiques. Faire des films d’actualité comme on fait l’actualité du cinéma. S’il y a du nouveau, de l’inédit, de l’invention, les films qui annoncent cette actualité doivent aussi, en leur lieu, porter un nouveau. Ne pas confondre les films et ce que les films montrent. Les films rencontrent l’actualité en un choc, la heurtent et sont heurtés par elle. Au risque de se casser les dents, rendre compte de l’impact, dessiner des lignes de partage. Se donner pour principe de faire des films d’actualité sans le secours de la politique, de la théorie, de la philosophie ou de la poésie. Sans même un brin de veine artistique. Des films sans secours, sans béquille ni filet. Des actualités rien d’autre que : cinématographiques. Dojo cinéma (juin 2006-mars 2007)