Que montrent ces images glanées à droite, à gauche et déjà détournées dans leur sens initial ? Que précisément le cinéma ne pourra jamais rien dire de ce qui a été vécu. Tout est consommé et l'expérience cinématographique de Guy Debord a maintenant trouvé sa forme et son contenu.
Film “expérimental” réalisé comme un “documentaire à l'envers”, la caméra alterne les plans vagues et des vues en extérieurs où l'évitement systématique de tout élément “digne d'intérêt” (fuite du cadrage dès qu'il rencontre de l'action ou un monument) crée une sensation de malaise renforcée par des commentaires volontairement “ineptes” phrases détournées, citations classiques mélangées à des dialogues puisés dans un film de science fiction...
Film composé d'enchevêtrement d'images (comics, photos d'identité, images détournées provenant d'autres films) qui se succèdent en subissant la surcharge de nombreux sous et sur-titres difficiles à lire. La caméra navigue entre images d'actualités, comme séparées du monde réel, symboles de la société de la consommation, et images du Quartier Latin des années 60 d'une jeunesse effervescente qui travaillait sa révolte au fond des cafés, à coup d'alcool, de rock and roll et de mots. Guy Debord y met une sorte de distance, qui semble dire : « trop tard, nous n'aurons pas changé le monde ». « Pour détruire cette société, il faut être prêt à lancer contre elle dix fois de suite, ou davantage des assauts d'une importance comparable à celui de Mai 68 », proclame-t-il dans La Société du spectacle.