L'Imaginaire irlandais
La renaissance du cinéma irlandais, et son essor, datent de 1982, avec la création de la Commission irlandaise du cinéma. Les soixante années qui ont suivi l'indépendance du pays n'en constituent pas pour autant un désert cinématographique. Les films, rares à cette époque, ne sont pas parvenus à établir les fondements d'une cinématographie nationale et encore moins à jeter les bases d'une industrie du film. Les tentatives en ce sens n'ont pourtant pas manqué : du côté des indépendants, comme du côté de l'Etat irlandais. Les indépendants se ruinèrent au bout d'un film. L'Etat, quant à lui, crut trouver la solution miracle en aidant plusieurs financiers privés à créer les Studios d'Ardmore en 1958, studios rachetés et gérés par le même Etat jusqu'à leur fermeture définitive en 1982. De nombreux films américains ou anglais s'y tournèrent sans pour autant créer d'emplois de techniciens ou servir de vivier à une quelconque réalisation irlandaise. La division du cinéma en deux parties {l'art traité par les artistes indépendants sans solides moyens économiques, l'industrie axée sur Hollywood ou ses sous-produits) a abouti à un échec flagrant. L'instauration de la Commission irlandaise du cinéma a voulu pallier cette situation en proposant clairement une politique culturelle du cinéma prenant en compte aussi bien la création que le marketing ou la formation. Cette commission financée par l'Etat irlandais durera six ans {de 1982 à 1987). Elle a été relancée, fort heureusement en 1993 et est l'artisan de la renaissance actuelle du cinéma national. En trois années, grâce à son travail incomparable d'incitation à la production, vingt-cinq films de long métrage fiction et huit documentaires ont été réalisés en Irlande. Il en est de même en ce qui concerne le court métrage dans le cadre d'un programme spécial intitulé "Short Cuts". La commission se définit aujourd'hui comme un "facilitateur" et agit avec efficacité pour mettre en présence de nombreux partenaires {irlandais ou internationaux). L'école de Cinéma, de Télévision et d'Animation fondée depuis plus de dix ans, au sein d'une Université de renom international, forme des diplômés dont les travaux font régulièrement l'objet de nombreux prix, d'expositions et de diffusions, tout particulièrement en Europe. Dun Lahogaire s'est forgé une réputation de grande qualité créative et technique, et les courts métrages présentés attestent de la continuité de ses projets et de sa production. La moisson 1996 vient compléter une liste de plus de 130 titres en dix ans. De nombreux diplômés poursuivent actuellement des carrières fécondes dans tous les secteurs de l' industrie audiovisuelle. Le programme d'enseignements intégrés conduit par l'Ecole bénéficie de la coopération et des apports conjoints du ministère de l'Education, de l'industrie cinématographique et de la Télévision. Grâce à la persistance de ces investissements financiers et intellectuels, nous pouvons être assurés de la présence de ces jeunes réalisateurs à l'avant-scène d'une activité en pleine expansion.