Courts métrages iraniens
La récente diffusion en France de films d'Abbas Kiarostami a révélé une œuvre entre fiction et documentaire qui rappelle le néo-réalisme italien ou le Free Cinema anglais : une écriture en liberté. Le grand cinéaste, fondateur d'un centre de production de films pour la jeunesse, n 'est pas seul : il y a un style iranien. Aurait-on oublié que la culture perse est millénaire, enrichie d'apports grecs, arabes, mongols (des envahisseurs), et que les populations turques ou kurdes composent aussi, chacune avec sa spécificité, la population iranienne ? Le travail du récit doit s'en ressentir (on songe au conte oriental). Quant à cette humilité devant le réel, faut-il l'attribuer à l'histoire récente ou à des facteurs de longue durée ? Le court-métrage iranien accorde une large place à l'enfance. Et si un effet de miroir fait de l'enfant le destinataire privilégié de ces films, nous sommes en face du cas rarissime d'un cinéma tout public, non seulement au sens courant (un film pour toute la famille), mais encore parce que l'art que le cinéphile averti saura reconnaître n'est pas une barrière au plaisir du spectateur plus "naïf" (cinématographiquement). Ainsi un pays qui est passé de la dictature sanglante du Shah à la férule de la Loi islamique a produit malgré tout un cinéma qui parle, d'homme à homme, qui impose le respect et force la sympathie, au dessus des frontières.
Christophe Adriani et Mischa Schiwow