Écran Libre : Alain Bergala / Jean-Daniel Pollet

Date

13/12/18 19:15

Lieu

Ciné 104

104 Avenue Jean Lolive

93500 Pantin

Tarif

Tarif unique 3,5€ - Gratuit pour les adhérents

En présence de

Alain Bergala

Copie restaurée en 2018 pour La Traverse. Images extraites d'un périple autour de la Méditerranée : visions furtives de jardins, de portiques, de corridas, de masques funéraires qui ont le mystère éclatant d'un lieu de béatitude éternel, opposées au visage serein d'une jeune femme sur une table d'opération. Jean-Daniel Pollet filme la Méditerranée : les temples grecs en ruine, les pyramides d’Egypte, un palais sicilien, mais aussi un bunker de la seconde guerre mondiale, une orange dans un verger, une femme qui se peigne, une autre qui boutonne sa tunique, un laminoir d’où sort un pain de métal rougeoyant et une jeune fille endormie avant une opération chirurgicale: 15 pays, 35 000 kilomètres, un film mythique aux origines de notre civilisation et du cinéma. « Que savons-nous de la Grèce aujourd’hui… Que savons-nous de nous-mêmes, hormis que nous sommes nés là il y a des milliers d’années… Que savons-nous donc de cette minute superbe où quelques hommes se sont sentis solidaires, solidaires de la lumière non pas envoyée par les dieux mais réfléchie par eux, solidaires du soleil, solidaires de la mer… De cet instant à la fois décisif et naturel, le film de Jean-Daniel Pollet nous livre sinon le trousseau complet, du moins les clés les plus importantes… Les plus fragiles aussi… Dans cette banale série d’images en 16 mm sur lesquelles souffle l’extraordinaire esprit du 70 mm, à nous maintenant de savoir trouver l’espace que seul le cinéma sait transformer en temps perdu… Ou plutôt le contraire… Car voici des plans lisses et ronds abandonnés sur l’écran comme un galet sur le rivage… Puis, comme une vague, chaque collure vient y imprimer et effacer le mot souvenir, le mot bonheur, le mot femme, le mot ciel… La mort aussi puisque Pollet, plus courageux qu’Orphée, s’est retourné plusieurs fois sur cet Angel Face dans l’hôpital de je ne sais quel Damas… » Jean-Luc Godard, Cahiers du cinéma (fév. 1967)

Film réalisé dans le cadre de l’exposition Godard-Picasso, collage(s) (Arles 2018) sur une commande de Dominique Païni, commissaire de l’exposition. « Et si Picasso, parlant de son geste créateur, nous parlait intimement de celui de Godard... Au foyer de la création, le peintre et le cinéaste sont d’une troublante proximité́. Les mots de l’un nous éclairent lumineusement sur l’autre. (…) D’une certaine façon, suggère Dominique Païni, Godard et Picasso ont voulu être les derniers de leur art. Comme Picasso dit la fin de la peinture, la Nouvelle Vague exprime celle du cinéma. La finalité de l’art n’est peut-être rien d’autre que de dire sa fin, une fin, dans laquelle nous nous trouvons et qui peut durer indéfiniment… » Dominique Païni (Catalogue de l’exposition)